Pierre Boulez, Dérive I (1984) - pour flûte, clarinette, piano, vibraphone, violon et violoncelle
"Je prends quelquefois un fragment d'une oeuvre aboutie, explique Pierre Boulez, mais un fragment qui n'a pas été utilisé, ou qui ne l'a été que très sommairement, et je le greffe, pour qu'il donne naissance à une autre plante. Ce sont des pièces qui sont des sortes de jalons entre les oeuvres plus longues, et souvent, je m'y concentre sur un problème donné."
Lente et courte élégie pour six instruments, Dérive I dévoile l'approche singulière de la composition musicale de Pierre Boulez, par transplantations, refontes et développements successifs ou parallèles (ce que le compositeur désigne volontiers sous le terme général de "proliferation"). Composée à partir d'une suite de six sons tirés de Messagesquisse, l'ouvre tire de ce modeste réservoir une suite de six accords inlassablement égrenés, accouplés et multipliés. L'oeuvre prend la forme d'une lente marche inexorable et incertaine, où de perpétuels groupes de petites notes se superposent, se croissent ou se répondent, rebondissant souplement sur un fond harmonique en tenues, donnant ici et là naissance à de longues arabesques mélodiques.
Jean-Marie Rens, conférence pour la Société Belge d'Analyse Musicale
Sturm und Klang
Anne Davids, flûte - Cédric De Bruycker, clarinette - Fabian Coomans, piano
Jean-Louis Maton, vibraphone - Maxime Stasyk, violon - Catherine Lebrun, violoncelle
Thomas Van Haeperen, direction